jeudi 18 juillet 2024

Chouette de Minerve autour de minuit

 Pour dire encore un mot sur la prétention d'enseigner comment doit être le monde, nous remarquons qu'en tout cas, la philosophie vient toujours trop tard. En tant que pensée du Monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation. Ce que le concept enseigne, l'histoire le montre avec nécessité: c'est dans la maturité des êtres que l'idéal apparaît en face du réel et après avoir saisi le même monde dans sa substance, le reconstruit dans la forme d'un empire d'idées. Lorsque la philosophie peint sa grisaille dans la grisaille, une manifestation de la vie achève de vieillir. On ne peut pas la rajeunir avec du gris sur du gris, mais seulement la connaître. Ce n'est qu'au début du crépuscule que la chouette de Minerve prend son envol.

Hegel, préface des Principes de la philosophie du droit.

Bien dit, Hegel, mais Marx réalise et (donc) abolit la philosophie et te répond :

 Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde de différentes manières, ce qui importe c'est de le transformer.

 La transformation récente du monde n'est toutefois pas de très bon aloi pour nos pauvres humains. 

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Enfin un peu d'obscurité. Le fracas du crétinisme électoral commence à s'apaiser à présent que la nuit tombe, on s'entend enfin penser. Je prends un envol silencieux, et me pose sur le toit du rêveur, et j'écoute ses songes.

Voilà un cas d'école, un de ces nombreux humains qui croit que s'abstenir de penser rend heureux; il ne veut pas "se prendre la tête", puisqu'au fond, "la vie c'est pas compliqué". Puis les années passent. Ces individus-là, lorsqu'ils ont dépassé la période de vie où la vigueur pouvait atteindre son maximum, ils se rendent compte du temps perdu dans les jouissances immédiates. Ils se retrouvent face à leur fausse vie minable à n'avoir rien accompli, accumulé aucune connaissance utile, aiguisé aucun discernement critique, et il ne leur reste que leurs yeux pour pleurer. Ce n'est alors qu'au crépuscule de leur vie qu'ils se décident enfin à tenter de donner des ailes à leur esprit de pesanteur incarcéré dans l'idéologie cybernétique consommatoire du capital. Mais il est déjà trop tard...

Il en va de même pour les nations, qui ne prennent conscience d'un danger que lorsqu'il est trop tard. Ainsi, les députés du Front Populaire ont-ils voté massivement les pleins pouvoirs à Pétain... Ce n'est qu'après l'horreur réalisée du nazisme que la Résistance et la Grande Guerre Patriotique soviétique ont pu liquider cela. Mais le mal avait déjà été fait, il était déjà trop tard pour le prévenir. Ce n'est qu'au crépuscule de l'humanité que les forces résistantes ont pu croître, et il aura fallu attendre la fin d'une longue nuit d'horreur pour que les forces communistes émergent à la Libération, que l'humanité renaisse de ses cendres pour produire, à l'aube, la Sécurité sociale, etc. Mais il semble qu'on soit arrivé à un nouveau crépuscule de cette période glorieuse.

Houuhouuuuu! Je sais que tu ne m'écouteras pas, humanité. En tout cas, pas encore. Si tu m'écoutes, humanité, c'est qu'il est déjà trop tard. Mais, il est déjà bientôt trop tard. Ou alors, trop tôt pour que tu m'écoutes? Je sais que je te suis désagréable à écouter, vieille humanité. Ta torpeur semi-confortable est trop lourde pour que tu daignes t'en réveiller. Tu t'es tant habituée à ce doux rêve de déni, tu t'es tant enfoncée dans ton ignorance au stade final de sa putréfaction, après le travail acharné de plus de cinquante ans des "maîtres ignorants", que tu t'es habituée à cette odeur putride d'accumulation idéologique rance et réchauffée. Lorsque tu entends mon cri, cela te réveille l'espace d'un instant; mais ce réveil est si désagréable que tu te rendors aussitôt, et prends ce réveil pour un rêve dans le rêve. Selon ta vigueur, tu peux le considérer comme un cauchemar, ou un rêve agité qui, à petite dose, te semble divertissant. Lorsque tu te réveilleras, il sera trop tard pour agir, l'incendie sera déjà tant avancé que ta maison aura déjà brûlée, avec tous tes amis. Tu devras fuir, subir, et attendre l'aube pour tout reconstruire. Il te faudra alors suivre en accéléré les rares individus qui ont fait le dur choix de ne pas dormir, te condamnant ainsi à la passivité. Mais ce sont toujours les minorités agissantes qui font franchir des bons de géants à l'histoire. La masse de l'humanité sert essentiellement de support au "développement des forces productives" pour rendre parfaitement mûre la contradiction entre celles-ci et les rapports de production.

"Humains, trop humains", comme disait l'autre fou égaré... Ah! quel spectacle!

Alors, en ignorant tout ce qui est terrible pour te préserver, tu te complais dans ton ignorance volontaire de toute vérité, à laquelle tu préfères la recherche de sens, quel qu'il soit, pourvu que tu en trouves un. Tu prétendras que transformer le monde est impossible, alors autant te concentrer sur ton moi narcissique et ton intersubjectivité immédiate, par pure lâcheté politique. Ta vie ressemble à une accumulation consommatoire d'expériences, de "kiffs", en niant toute réalité objective certaine, universelle, partagée par tous, partout, toujours, car tu fuis ce réel tant, aujourd'hui, dans le stade ultime de putréfaction du capital auto-suicidaire, ce réel te semble haïssable. D'où le retour de l'obscurantisme religieux et sectaire, des diverses "spiritualités" puériles comme l'astrologie ou les superstitions enfantines pour adultes (les "sorcières" des féministes...). Pour justifier moralement la fuite de la vérité, tu déclares alors qu'elle est "totalitaire", "simpliste", et en bon pédant ignorant, tu déclares sans aucun effort conceptuel de manière pédante et méprisante que "c'est plus compliqué que ça", afin de paraître plus malin que ton voisin. Combien est-il plus confortable de vivre dans l'ignorance volontaire en déclarant qu'il n'y a rien de vrai à trouver! 

J'ai planté quelques graines désagréables dans les rêves du dormeur. Mais tout cela est vain, à son réveil, il déclarera que ce n'était qu'un cauchemar stupide et repartira dans sa fausse vie aliénée.

J'ai assez veillé vainement sur les rêveurs à présent. Prenons un peu de hauteur et tentons d'attraper au vol des bribes oniriques. Écoute-donc mes derniers hululements avant ton réveil, humanité, pendant ma ronde autour de minuit... Il s'en trouvera sans doute quelques uns parmi vous capables de les creuser philosophiquement.

Houuuu! Houuuuuuu! Houuuuuuuuuu!

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L'art de la critique radicale du stade ultime de la décomposition du capital dans sa crise mondiale terminale de la baisse du taux de profit permet aux esprits vifs de sortir de la pure contemplation interprétative du monde et de rentrer dans l'histoire. La critique dialectique peut sortir de son mysticisme idéaliste pour devenir une arme révolutionnaire de destruction massive de la réaction.

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La "critique critique" rongeuse de l'art de la critique sied davantage aux rats universitaires satisfaits de la putréfaction du monde tel qu'il est aujourd'hui. Ils se nourrissent de ces déchets sans rien produire d'autre que de la branlette intellectuelle soporifique. On les trouve par milliers dans les facs de "sciences" humaines.

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L'ami de la connaissance prend de la distance du fracas infernal du crétinisme électoral (et plus généralement, du crétinisme des actualités journalistiques). Non pas pour s'éloigner des problèmes concrets en les fuyant dans ses abstractions adorées, mais au contraire pour s'éloigner de ce qui est abstrait, et alors aborder les véritables problèmes concrets. 

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La pensée abstraite: celle qui fait abstraction de la totalité du rapport social humain, de la totalité historique dans laquelle chaque individu évolue de façon déterminée. La pensée abstraite se déclara alors concrète, tel le lombric pensant que le millimètre cube de fumier immédiatement autour de son corps constituait la seule réalité "concrète" digne d'intérêt. N'importe quel bipède ailé n'en fait qu'une bouchée!

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La pensée concrète: pensée de la vérité comme totalité historique en mouvement, qui seule permet de donner une explication scientifique de chaque chose qui apparaît.

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Une pensée véritablement concrète a nécessairement déjà réalisé un détour vers l'abstraction. Un enfant qui observe un bœuf pour la première fois, bien que le voyant dans son entièreté, ne connaît pas véritablement cet animal. Le maître boucher, lui, connaît l'art de découper avec justesse le moindre organe de l'animal pour l'en abstraire de sa totalité organique et l'étudier en détail. Une fois cette dissection réalisée, le boucher totalise conceptuellement l'animal entier; c'est alors une totalité différentiée, en devenir (Hegel: le résultat n'est rien sans son devenir).

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Les élections sont l'imposture journalistique par excellence. La gauche et la droite sont des abstractions parlementaires vides très bien tolérées par le consensus capitaliste contemporain. Mais pendant que le tapage électoral distrait les esprits mous, la vieille taupe creuse, inlassablement...

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La maladie française: obsession de la démocratie et du mode de désignation du chef, au prix du contenu de ce que fait icelui (ainsi "nuit debout", ainsi le "RIC" des Gilets Jaunes, etc.). On en voit le résultat aujourd'hui. Cette maladie française, c'est la politique qui se regarde le nombril indéfiniment en ne traitant que des problèmes de représentation spectaculaire.

La démocratie pure est le stade juridique ultime, le dernier rempart "républicain" que le capital peut opposer au prolétariat. C'est le rituel de soumission à la dernière forme juridique du capital. Il est clair qu'à ce stade, la démocratie pure est l'ennemie du peuple.

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Le communisme, dans la dissolution naturelle de l'État, donne à la politique la possibilité de réaliser son dernier acte d'existence: s'occuper des problèmes concrets qui, en eux-mêmes, ne relèvent pas de la politique. Mais aujourd'hui, ces problèmes concrets sont coupés de la politique qui ne traite que de politique et pas de problèmes concrets. Ainsi: il faut dépolitiser la politique, mais politiser les problèmes concrets. Chose impossible dans le tapage électoral permanent.

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L'esprit ailé ne passe pas toute sa vie dans la tranquillité céleste. Il vogue à toutes les altitudes selon sa volonté, et peut s'il le souhaite passer du temps sur terre. L'esprit de pesanteur, lui, est condamné à ramper sur le sol et ne voit venir les problèmes que lorsqu'il est trop tard. Comment donner des ailes à son esprit? Une bonne cure de silence, de musique savante, de solitude, de saines lectures, de méditations philosophiques...

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Au XXe siècle, l'extrême gauche du capital a canalisé l'instinct primitif du prolétariat pour l'empêcher de se réaliser dans son concept. Affirmer le contraire, ce serait nier que ce qui est réel est rationnel, et que la chute finale du PCF était contenue dans ses prémisses et n'en a été que la conséquence logique. 

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En Europe: contrairement à Lénine, contrairement à ses prétentions, l'extrême gauche du capital du XXe siècle à nos jours a toujours été à l'arrière-garde du prolétariat, à la ramasse.

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Vladimir Illitch Lénine: génie trop en avance sur son temps, trop ambitieux, trop vif, volait à trop haute altitude. Aucun soviétique ne lui arrivait au petit orteil (pas plus Trotsky que Staline qui ne bittaient rien à la dialectique), d'où l'échec inéluctable de l'URSS. Ce n'est pas faute d'avoir tenté, au péril de sa santé, de former ses successeurs.

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Alexandra Domontovich-Kollontaï: magnifique révolutionnaire russe, ministre du travail sous Lénine dont les avancées réalisées pour le prolétariat et les femmes russes il y a plus d'un siècle en URSS feraient mourir de honte les syndicats et les féministes d'aujourd'hui; théoricienne géniale de la famille et des rapports hommes-femmes, conceptrice émouvante de l'amour communiste, en avance d'au moins deux siècles sur l'histoire humaine globale. Mais inférieure à Lénine dans ses analyse concrètes et stratégiques de la politique soviétique; chez Alexandra, Éros prenait trop de place et empêchait Minerve d'éclairer son discernement stratégique.

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Aujourd'hui en France, c'est l'extrême-droite du capital qui canalise l'instinct prolétaire et l'empêche de se réaliser conceptuellement. Il est absolument certain que la gauche continuera sa descente aux enfers jusqu'à son annihilation totale (déjà bien avancée, et sans qu'elle n'ait besoin d'aide pour cela). Seule bonne nouvelle pour nos bipèdes sans ailes: l'extrême droite du capital est encore plus nulle que l'extrême gauche du capital et sa chute sera plus rapide. En attendant, l'extrême-centre rafle la mise et déroule le même programme (celui du capital).

Évidemment, lorsque le prolétariat se rendra compte que l'extrême droite du capital n'était qu'un énorme piège à cons, il sera trop tard.

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Extrême nullité de l'extrême gauche du capital. Il suffit constater sa nullité conceptuelle originelle dans ses formations "marxistes" proposées aux ouvriers de l'époque (le manuel de Politzer), et la nullité du "marxisme français" théorique de la Libération (celui-là même dont Marx affirmait  déjà un siècle plus tôt que si c'était ça le marxisme, lui-même n'était pas marxiste), qui a continué sa décadence jusqu'à la French Theory (Althusser, Sève, Sartre, Foucault, Deleuze, Derrida, Rancière, Bourdieu, etc.), puis leurs continuateurs américains (Kimberley Crenshaw, etc.), accouchant de l'intersectionnalité, puis l'idéologie gauchiste contemporaine dans toute son ignorance crasse de sa propre généalogie réactionnaire du libéralisme libertaire. Seuls les bobos branchés rabougris qui veulent s'acheter une conscience morale, soutiennent la gauche aujourd'hui, sous sa forme de front populaire du capital; le prolétariat a abandonné cette gauche débile, mais pour aller de Charybde en Scylla: le voici à présent incarcéré dans la nullité de l'extrême droite débile du capital. 

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Intersectionnalité: abdication de la raison matérialiste au profit du sentiment essentialiste subjectiviste et inter-subjectiviste. Les individus ne sont pas jugés sur ce qu'ils font, mais sur ce qu'ils sont. L'être intersectionnel procède subjectivement et inter-subjectivement, mais n'accède jamais à ce qui est le plus important: l'être comme être social rapporté à la totalité du rapport social concret de production (donc relatif au faire et non à l'être). Le rapport social du faire, c'est le rapport de classe, comme rapport social de production matérielle nécessaire de l'existence humaine.

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Qu'il soit bien clair que toute lutte politique qui ne rapporte pas son objet à la lutte des classes du prolétariat contre la bourgeoisie est contre-révolutionnaire par essence. Le capital adore ces luttes de seconde zone, il va jusqu'à les financer.

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Impasse politique de l'intersectionnalité: impossibilité ontologique de totaliser concrètement la catégorie de minorité sans réaliser une boucherie sanguinaire qui ferait passer le peintre autrichien pour un enfant de chœur. Lorsque ce n'est pas ce dernier cas, haine nécessaire de l'universalité, et donc, refus par essence de la révolution victorieuse. Par essence, l'intersectionnalité politique est condamnée à rester confinée dans la minorité; seule façon de réussir pour elle: rejoindre la minorité ultime, la bourgeoisie. Ce qu'elle fait très bien...

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Genre homme/femme: idée et forme sociale du sexe. Seule cette conception du genre permet d'éviter les impasses intersectionnelles de sa prétendue théorie du genre qui procède de la pure abstraction narcissique et égotique d'un moi pur qui décrète son genre sans aucune détermination matérielle. La grande église kantienne du moi transcendantal qui dégénère dans sa décadence spectaculaire...

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Le genre comme idée et forme sociale du sexe a une forme juridique simple: elle tient compte des spécificités biologiques de la femme et de l'homme dans des cas très spécifique afin d'éviter la barbarie machiste. En tant que forme juridique, elle se distingue du sexe, sans pour autant s'en séparer (comme chez les "théoriciens"). Mais surtout, elle fait abstraction des préjugés culturels débiles de la marchandise sexuelle capitaliste qui meurtrit tant nos non binaires.

Dans nos sociétés avancées, aucune division sexuelle du travail n'est utile, sauf dans les métiers de confrontation directe, notamment dans le sport de haut niveau et certains arts militaires. Du reste, assurer aux femmes la sécurité physique, morale et matérielle, en particulier lorsqu'elles portent et élèvent un très jeune enfant, suffit amplement.

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Théorie du genre: le capital offre aux non binaires l' "émancipation" dans la marchandise du sexe liquéfié et décliné à l'infini. Moult profits capitalistes en perspective (remboursés par la Sécu qui plus est).

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Féminisme: offrir aux femmes l' "émancipation" dans la marchandise et lui offrir les postes convoités de la bourgeoisie réactionnaire. Voici ce que dit le féminisme dans sa version la plus réactionnaire: "femmes, vous aussi, exploitez le prolétariat comme les mecs!"

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Abolition du genre comme forme sociale implique restauration du droit biologique du plus fort, et donc, l'échec ultime de ce féminisme, qui était contenu dans son essence.

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Absolutisation du genre femme (l'étymologie de fémin-isme ne dit rien d'autre que cela) égal absolutisation des préjugés débiles de la marchandise femme (comme chez les "sorcières"...), et donc, l'échec ultime de ce féminisme, qui était contenu dans son essence. 

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Il est remarquable que la plupart des individus qui se déclarent féministes avant tout sont presque toujours les femmes branchées de la petite ou grande bourgeoisie. Femmes ouvrières, méfiez-vous de ces féministes! Il y a déjà plus d'un siècle, Alexandra Domontovich-Kollontaï vous avait prévenues que vous n'aviez absolument aucun intérêt en commun avec les femmes de la bourgeoisie...

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Plus généralement, l'absolutisation d'une minorité (comme toute doctrine en "-isme" qui n'est pas le communisme)  demande à ce que la partie dirige le tout. Contradiction avec la prétendue critique foucaldienne du pouvoir, ce même sophiste libéral de Foucault qui promouvait les minorités!

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Le prolétariat est la majorité opprimée par la minorité capitaliste. Seul le communisme, comme accession du prolétariat au pouvoir, est révolutionnaire. Alors, la majorité pourra oppresser la minorité jusqu'à sa disparition. Ainsi s'achèvera la première phase du communisme.

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"Ou bien l'émotion, ou bien la raison". Voilà le genre d'ineptie qu'on entend dans la psychologie binaire cybernétique du capital. Comme si la raison pouvait se réaliser sans passion, et comme si les émotions les plus subtiles étaient séparées de toute réflexion.
On crée alors des "profils MBTI" selon ce genre de dichotomie débile, et les esprits faibles se laissent enfermer dans ce genre de discours auto-performatif. Les profils prétendument "émotifs" renoncent à la raison et deviennent des êtres stupides mais charmants; les profils prétendument "penseurs" renoncent à leurs émotions et sombrent dans la cybernétique positiviste binaire du capital, annihilant ainsi toute pensée de la contradiction et se faisant les chiens de garde positivistes enragés de l'idéologie bourgeoise.

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La psychologie du capital (tout comme sa médecine), dans tout son positivisme sordide et morbide, c'est la destruction réalisée de la pensée critique. On a des "tables officielles" nominalistes avec des noms de maladies, et une liste de symptômes à cocher; c'est sur la connaissance par cœur débile de ces critères que sont évalués nos médecins "psychologues"; ils prennent alors un air ultra dogmatique comme si leurs critères étaient éternels – la seule chose éternelle en vérité, c'est la reconnaissance officielle et contractuelle de l'État bourgeois envers eux (leur diplôme), suite à leur soumission volontaire à ce test stupide qu'ils valorisent socialement en déclarant absolues leurs connaissances de la science capitaliste. Mais cinq ans plus tard, tous les noms et les critères ont déjà changé, et ce qui était vrai hier avec certitude est déclaré obsolète et ringard, et les nouvelles tables de vérités sont à nouveau déclarées certaines. 

Il n'y a qu'à voir comment le terme "autisme" regroupait des pathologies parfois opposées (d'une part, le gamin au regard vide et à la lèvre pendante incapable de prononcer une phrase, et d'autre part, ce triste génie mémoriel capable de résoudre de grands problèmes mathématiques en un battement de cils mais qui éprouve des difficultés de sociabilisation). On a récemment renommé cette catégorie sous le terme générique de "trouble du spectre autistique", avouant à moitié l'état d'ignorance "spectrale" de la science psychologique – il est vraisemblable que dans une dizaine d'année le terme générique "autisme" sera abandonné ou drastiquement modifié, lorsqu'on aura saisi sa nullité conceptuelle d'aujourd'hui. Mais cela n'empêche pas nos psychologues du capital d'affirmer avec certitude leurs diagnostics cybernétiques et se faire des couilles en or remboursées par la Sécu sur le dos des parents désespérés.

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La psychologie du capital a pour but d'individualiser la souffrance, comme si c'était l'individu qui était malade et non pas la merde du capital toute entière; justement, être malade au milieu de la crise globale est un signe d'instinct sain de réaction immunitaire psychologique, il faut au contraire être complètement fou (ou un gros bourge ou dans le déni) pour se sentir bien dans un océan de merde; la plupart de nos aliénés serrent les fessent en attendant que leur fausse vie se termine, et il n'y a que ceux qui n'ont pas les muscles fessiers assez puissants qui finissent chez le psy. Mais ce psy, au lieu de mettre en perspective dialectique, historique et révolutionnaire nos malades de l'esprit, leur file quelques médocs pour qu'ils filent droit et retournent valoriser du capital sans faire chier la bourgeoisie –  s'il ne les ruine pas dans une interminable thérapie contre-productive où on se contente d'explorer le narcissisme pathologique de la vie micro-sociale libidinale de l'individu sans jamais en explorer les déterminations existentielles totales et (donc) politiques.

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Pour guérir de votre "maladie mentale": révoltez-vous, camarades! Rien n'est plus vivifiant que la bagarre sous toutes ses formes.

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L'Éros ailé: ses ailes sont bien abîmées dans le royaume du fétichisme achevé de la marchandise, son royaume a été conquis par l'empire de Thanatos; l'amour s'est détruit dans la pulsion de mort machinique des corps qui baisent des corps dans la pornographie permanente du capital, sans vie spirituelle et érotique. Mais Éros est un phénix, il appartient à l'essence invincible de l'humanité principiellement communiste. Éros communiste comme amour universel total (donc spirituel et charnel) de ce qui est beau en l'homme; beauté meurtrie et enlaidie par le capital. Une laide beauté (ugly beauty dirait Thelonious Monk ?) qu'il nous faut guérir. Éros blessé, mais Éros immortel.

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Monstrueuse misanthropie que de n'aimer qu'un seul individu d'amour: cet amour exclusif est le mépris de tout le reste de l'humanité. C'est ce que vous ordonne le capital; pour l'instant, humains, pas assez humains (et non trop comme disait le moustachu), vous obéissez robotiquement dans votre écrasante majorité.

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Misanthropie érotique comme cas particulier de la misanthropie infinie du capital: concurrence contrainte et faussée (donc revendiquée libre et non faussée par le capital) de chacun contre tous. On en arrive à ne s'aimer que soi-même et son cercle micro-social, à condition qu'icelui participe à satisfaire notre narcissisme pathologique dont le fond de l'égo est infiniment meurtri et bousillé par la merde capitaliste. Philanthropie communiste enfouie en chacun, où dors-tu?

Cette misanthropie générique du capital est le fondement du racisme. Dans le capitalisme strict non renversé par le communisme, lorsque le conflit de classe est empêché, le prolétariat a objectivement intérêt à être raciste et à sauver sa place plutôt que celle de l'étranger. Cet intérêt est néanmoins un intérêt du capital, donc absurde dans son essence lorsque revendiqué par le prolétariat.

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Toute lutte antiraciste non communiste est donc une imposture. Elle monte sur ses grands chevaux et crie: "Prolétaire, n'as-tu pas honte? Admire ma morale républicaine, serre les fesses et meurs de faim."

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Les Arabes sont très bien accueillis en France... lorsqu'ils sont grands propriétaires de puits de pétrole. Eh oui, le racisme, c'est encore une question de classe. 

De même que pour toute minorité, l'arabe immigré précaire n'a aucun intérêt en commun avec l'arabe grand propriétaire. Cela est inconcevable pour l'intersectionnalité, qui préfère perdre son temps à compter les points de chaque axe de domination entre tous... Elle crie: "Prolétaire de tous les pays... étripez-vous!" Le capital jubile.

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Le communisme ailé comme matrice de toute élévation céleste. Pour lui rendre ses ailes, vivifier son esprit. Dans l'état de putréfaction idéologique, aujourd'hui, avec des organisations politiques et syndicales à la ramasse de leur mission historique, espérer un "sursaut final" et s'engager dans des luttes immédiates de manière passive est au mieux neutre, au pire contre-productif. Il faut bien plutôt "apprendre, apprendre, apprendre", et une fois ceci fait, l'apprendre aux autres, inlassablement; seule la critique radicale peut provoquer un sursaut véritablement révolutionnaire et sortir la masse de sa torpeur réactionnaire.

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"Dieu est mort"... Vraiment? Et le divin marché, et l'argent? Ne seraient-ce pas nos dieux contemporains?

Et ses innombrables temples de la marchandise, avec tous ses rituels? Et ses curées payés pour prêcher l'économie bourgeoise en permanence? "Les marchés sont inquiets", nous disent les économistes... Tout comme autrefois, ils craignent l'apocalypse de la fureur de Dieu!

Seul combat d'avant-garde véritablement laïque aujourd'hui: séparer l'État du MEDEF.

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La religion du capital achèvera bientôt de balayer toutes les religions archaïques qui personnifient leurs dieux. Seul le développement de la critique communiste et l'éducation à la science peuvent combattre l'obscurantisme des religions, ou plutôt, de la religion du capital.

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Toute passivité politique, tout "apolitisme", admet implicitement que l'état actuel du monde est convenable. L'apolitisme est réactionnaire par essence.

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Le doute pour le doute, l'irrationalisme philosophique, est la marque des esprits mous asservis au capital. L'unique mission historique de ces chiens de garde est d'empêcher au prolétariat de réaliser son instinct en concept. Comment empêcher le concept d'accoucher à peu de frais lorsqu'icelui fait de timides tentatives? Dire d'un air pédant: "c'est plus compliqué que ça", et l'accuser de dogmatisme.

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Si tout était relatif, il serait relatif que tout est relatif. Sceptiques, soyez cohérents avec votre doctrine: faites vœu de silence éternel.

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Quitte à choisir entre dogmatique et sceptique, il vaut encore mieux un dogmatique qui s'assume clairement (on pourrait même dire: courageusement). Il donne un point fixe à partir duquel on peut penser, fût-ce contradictoirement. Le sceptique éternel n'est rien d'autre qu'un nihiliste cynique qui jubile de la destruction de toute pensée voulant se faire jour. 

Toute vérité démarre sur une certitude, fût-elle ensuite contredite, doutée, modifiée, réfléchie dialectiquement. Rien ne peut émerger du doute pur; le doute est toujours déjà le doute de quelque chose d'affirmé.

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Au XIXe siècle: critique militante et indignation juste des conditions de vies inhumaines du prolétariat, notamment de par la dégradation de son environnement. L'ennemi, c'est le capitaliste.

Fin du XXe siècle jusqu'aujourd'hui: le "problème écologique" comme obscurantisme religieux où "la planète" passe d'objet à sujet. Il faut alors la sauver, et l'ennemi... c'est nous tous! La lutte des classes disparaît, et laisse place à une culpabilisation massive du prolétariat.

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Les écologistes affirment même parfois que les classes populaires consommeraient trop... Cependant, la seule mesure objective de la consommation, c'est le salaire. Mais alors, écologistes, ne seriez-vous pas d'accord pour militer, aux côtés du MEDEF, pour une baisse des salaires? Il faudrait savoir!

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Imposture scientifique climatique de l'église du GIEC dont la prêtresse suédoise chante la messe au monde entier avec son regard abyssal terrifiant. Imposture scientifique de modèles physiques justes dans leur abstraction calculatoire, mais nécessairement faux concrètement car déclarent fixe ce qui ne l'est pas: la lutte des classes. L'étude des dynamiques historiques supporte très mal la modélisation mathématique. Si la science physique est très performante pour étudier des objets, elle l'est beaucoup moins pour étudier des sujets... Seule la logique dialectique permet au sujet de se réfléchir pour s'observer lui-même.

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Écologie: stade ultime de la misanthropie dans l'adoration de la "nature". L'homme serait le problème absolu. Soyez cohérents, écologistes: au lieu de nous demander en permanence de moins vivre pour vous laisser plus de place, suicidez-vous.

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La planification industrielle intelligente et l'investissement massif dans le nucléaire sont les seules solutions qui évitent un génocide, et passent nécessairement par le communisme.

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Le Capital de Marx n'est pas un texte techniciste qui décrit l'économie du XIXè siècle. Le Capital est la matrice théorique qui expose non pas seulement la vie du capitalisme, son développement logique, rationnel, réel. Le Capital expose avec une rigueur impeccable non pas que la biologie, mais surtout la nécrologie auto-réalisée du capitalisme. C'est de sa mort certaine dont parle Marx.

Aux crétins universitaires branchés qui trouvent Marx ringard: Marx ne parle pas essentiellement du capital au XIXè siècle, il nous montre son développement nécessaire au XXè, XXIè, et même XXIIè siècle, si on le lit avec suffisamment d'intelligence. Le Capital est le missile le plus destructeur qui n'ait jamais été envoyé à la tronche de la bourgeoisie.

Ainsi, la baisse tendancielle du taux de profit, les crises, les guerres, la violence terminale absolue de la guerre de classe finale.

Vous ne me comprenez pas, lecteurs? Alors, sortez immédiatement de ce blog, et lisez, lisez, lisez, et relisez le Capital!

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Un bon aphorisme court met de longues années avant de s'accoucher par son auteur. Côté lecteur, il met de longues années à être digéré et réfléchi. En lui-même, l'aphorisme a peu de valeur conceptuelle. C'est la totalité des creusements philosophiques avant et après sa rédaction qui importent.

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Aphorismes de la chouette: slogans pour des cyborgs répétiteurs sans pensée, ou graines semées dans l'esprit critique du lecteur avisé? Humain qui me lis, rumine longuement ces graines, médite-les, contredis-les ou fais-les pleinement tiennes; si tu te contentes de les répéter mécaniquement, que s'abatte sur toi la colère de Minerve!

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L'aube vient. Ma ronde nocturne est terminée. Il est temps que je retourne auprès de toi, ma pauvre Minerve; l'absence de sagesse des hommes doit bien t'attrister: autrefois ils louaient ta sagesse, aujourd'hui, leur seul dieu est l'argent. Prends patience, ma chère Minerve... un jour, l'humanité louera l'humanité, tes enfants deviendront enfin indépendants et tu pourras reposer en paix.

2 commentaires:

  1. Pas très sympas à lire ces paragraphes non enchaînés mais bon il faut bien vider sa tête quelque part et crier là où on peut est ce que quelqu'un vous entend encore

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    1. Mais oui, vous-même, cher anonyme !
      Toutefois, la chouette de Minerve n'avait pas vocation à être sympa à lire, le pari semble donc rempli.

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